Elles s'appellent Judith, Caroline, Hélène, Dominique, Sandrine, Karine, Barbara et elles ont participé à la journée de formation "Femmes débordées, réappropriez-vous votre temps" que j'ai organisée le vendredi 25 octobre dernier au Club 7 à Montpellier (notre salle de formation était attenante au Spa du Club 7, ô tentation !).
Une journée placée, comme les précédentes, sous le signe de l'échange, de la bonne humeur, du "co-coaching", et d'une réelle bienveillance de part et d'autre.
Mais cette journée-ci a été encore plus spéciale que les autres. D'abord parce que je fêtais ce même jour mes 40 ans et qu'en général, c'est une date que l'on n'oublie pas... J'ai même soufflé une bougie improvisée, posée sur un paquet de gaufrettes à la fraise (merci, Hélène, pour la photo !).
Et surtout parce que parmi toutes les participantes, cinq d'entre elles avaient subi ou venaient de subir un épuisement professionnel. Un vrai.
Cinq participantes sur sept !
Il est vrai que je parle beaucoup sur ce blog du burn-out maternel. Mais j'ai envie aujourd'hui de vous parler du burn-out professionnel, qui touche indifféremment les hommes et les femmes. Auparavant Responsable de la prévention au sein d'une collectivité territoriale de plus de 700 agents, la prévention des Risques Psycho-Sociaux est un sujet que je connais particulièrement bien.
Mais de quoi parle-t'on au juste ?
On parle d'épuisement professionnel ou d'usure professionnelle, mais aussi de syndrome de fatigue chronique. Au Japon, un mot a même été créé, Karoshi, qui signifie "mort par la fatigue au travail".
"Le terme anglais burn-out signifie "brûler jusqu à ce que toute substance énergétique disparaisse, se consumer entièrement". La personne qui souffre du burn-out va être complètement dévastée intérieurement mais vous ne réaliserez pas la gravité de son état, car tout n'est pas forcément visible à l'extérieur. Elle sera épuisée dans son corps, épuisée dans ses émotions, ce qui lui causera des difficultés relationnelles, elle aura tendance à s'isoler de plus en plus et à se couper ainsi de toute aide extérieure. Au fur et à mesure que l'épuisement progresse, la victime va avoir un sentiment de dépréciation d'elle-même, elle va se juger négativement, se trouver incompétente et douter de ses qualités. Elle va aussi ressentir de la honte, honte de se sentir fragile, vulnérable, de ne pas tenir le coup comme les autres, de faillir à sa tâche. La souffrance intérieure est parfois tellement importante qu'elle peut conduire à des actes désespérés comme le suicide.
Le burn-out est défini comme prenant sa source dans le cadre professionnel. Même si des facteurs privés peuvent aggraver l'épuisement, ils n'en sont pas la source principale. Les facteurs du burn-out sont à chercher dans les conditions de travail et la relation établie entre la personne et son travail"
("Burn-out : le détecter et le prévenir" - Catherine Vasey - 2012, Editions Jouvence, Collection Le travail autrement)
Ce dernier point est essentiel car les profils à risque, et j'ai pu le confirmer le 25 octobre dernier, sont des personnes très engagées dans leur travail, motivées, demandant peu d'aide car capables de porter une lourde charge de travail. Ce sont des personnes fiables, souvent perfectionnistes et/ou plus à l'écoute du besoin des autres que de leurs propres besoins. Elles ne sont habituellement jamais absentes de leur travail.
Vous vous reconnaissez dans ce profil ?
Pour savoir si vous êtes proche d'un épuisement professionnel, je vous invite à vous soumettre au Test d'Inventaire de Burn-out de Maslach (MBI), en répondant à 22 questions.
Une journée pour se retrouver et prendre soin de soi
Crédit photo : Barbara Rolland
Toutes les participantes sont venues à cette journée avec pour objectif d'apprendre à lâcher prise sur un quotidien trop rigide, prendre un peu de recul, voire de la distance sur leurs multiples obligations, professionnelles notamment. Elles subissent pour certaines une pression permanente au travail. Elles ne font plus de sport (pas le temps !) et sont nombreuses à avoir déjà manifesté des signes de somatisation : nausées, vomissements, tension élevée, problèmes de dos, stress intense, insomnies, arythmies, etc... Jusqu'au jour où le corps dit stop.
Elles ne demandent pourtant pas grand-chose en arrivant : juste "un peu" de temps pour elles. Timidement. Presque du bout des lèvres.
Dès le début de la matinée, lors de l'incontournable tour de table durant lequel je les invite à se présenter et à nous dire pourquoi elles se sont inscrites et ce qu'elles attendent de cette journée, ces "jongleuses de haute voltige" se livrent sans fard, se confiant sur leurs difficultés à tout concilier, leurs envies, leurs désirs enfouis.
Je les ai invitées, au fil de l'eau, à faire le point sur leurs différentes casquettes, histoire de faire le tri entre leurs multiples rôles et mandats, au nombre de 7 en moyenne, plus de 10 pour l'une d'entre elles. J'ai pu aussi leur faire comprendre qu'elles avaient déjà toutes les clés pour se réapproprier leur temps, exercice pratique à l'appui. J'ai aussi essayé de leur faire comprendre, quitte à me répéter, qu'il était de leur responsabilité d'apprendre à dire non et à poser des limites, aux autres d'abord. Mais à soi également.
Les échanges ont été si riches que nous n'avons pas eu le temps de "dérouler" tout le programme de la journée. Peu importe ! Nous nous retrouverons très vite pour une matinée de prolongation courant novembre. Ce sera l'occasion de faire le point sur ce qu'elles auront retenu de cette journée.
Crédit photo : Barbara Rolland
En attendant, voici en substance ce que cette journée leur a, selon elles, apporté :
- Le sentiment de ne pas être seule à être débordée (plus qu'un sentiment d'ailleurs)
- Le partage et la co-construction avec les participantes
- La proposition d'avoir des sas de décompression et de prendre un temps pour moi
- Prendre conscience de ce que je ne veux/peux plus
- Prendre conscience qu'il faut que je sois bienveillante avec moi-même
- La notion de temps choisi
- Prendre conscience qu'il ne faut pas s'oublier en cours de route
- Echanges avec les participantes sur des signes d'alerte de l'épuisement, pas forcément perçus jusque là.
- Prendre du temps pour poser ses "rôles"
- Oser s'autoriser à mettre en place des outils pour mieux gérer son temps
- Reconnaître les signes du burn-out
- Etc...
Il me reste encore deux journées à animer d'ici la fin de cette riche année 2013, le 22 novembre prochain à Paris et le 6 décembre à Bordeaux, sous sa forme actuelle (télécharger le programme ici), c'est-à- dire une journée dense, ponctuée par un déjeuner, dans un cadre toujours chaleureux et zen si possible.
Mais je suis déjà en train de travailler sur une version plus aboutie pour 2014, qui intégrera à minima une 1/2 journée supplémentaire et probablement une autre 1/2 journée consacrée aux soins du corps (hammam, spa, massages, relaxation, etc...), comme je le fais depuis 2012 avec mes journées Prendre du temps pour soi, mode d'emploi !, et ce, là encore, dans plusieurs villes de France.
En préparation également pour 2014 une forme de "cursus" ou de parcours s'étalant sur plusieurs mois, avec au moins un rendez-vous mensuel et différentes thématiques abordées en filigranne, ce qui me permettra de suivre la progression d'un groupe dans la durée et de faire régulièrement le point avec chacune d'entre elles. Et pour celles qui ne pourront pas se déplacer, la possibilité de suivre ce parcours à distance, via Skype, téléphone et Internet.
Le témoignage de Judith
Pour conclure ce billet, je laisse le dernier mot à Judith, 37 ans, orthophoniste exerçant en libéral chez elle et maman de 3 enfants, deux filles de 9 et 7 ans et un garçon de 3 ans. Elle nous a bien fait rire, Judith, le bout-en-train du groupe, comme le prouve cette photo sur laquelle elle pose avec toutes ses casquettes inscrites sur des Post-it collées sur elle !
"Mon cadeau d’anniversaire de moi pour moi (essayez, vous verrez que c'est sympa comme principe... et on est rarement déçu par le choix du cadeau ;) ) a été cette année une journée de formation avec Diane BALLONAD ROLLAND. Le thème était alléchant « femmes débordées, réappropriez vous votre temps ! ».
« Femme » OK même les cheveux en pétard devant l’école en amenant mon petit dernier, pas de doute, je suis bien une femme, pas un labrador (même si j’en ai certains traits de caractère notamment le dévouement) …
« Débordée » selon les moments : aussi !! 3 enfants âgés de 9,7 et presque 3 ans, un boulot en libéral, une grande maison à retaper et à entretenir, une flopée de copines, quelques engagements associatifs et un amoureux/mari que je m’efforce de ne pas oublier dans l’affaire, l’air de rien, ça prend pas mal de ressources en terme d’énergie et de disponibilité...
« Réappropriez vous votre temps » aïe, c’est la que le bât blesse !! MON temps ??? c’est pas antinomique ça ?!!?? J’essaye bien de me ménager des petits moments pour moi, mais il faut bien reconnaître que quand l’horloge s’affole, quand il faut emmener le petit dernier chez le pédiatre ou assister à une réunion, c’est ce temps là qui le premier passe à l’as…
J’ai donc décidé de m’accorder un break et abandonnant lâchement mon mari avec mes enfants un jour de vacances scolaires prenant conscience de l’importance de prendre soin de moi avant de systématiquement prendre soin des autres … de m’octroyer une journée rien que pour MOI !
Comment décrire cette journée ? D’abord un cadre zen à souhait qui permet d’entrer de plain pied dans le vif du sujet, de braves petites soldates tout comme moi, toutes entières dévouées à leur famille et/ou à leur boulot mais qui sont pour la plupart arrivées à la limite de ce qu’elles peuvent supporter et Diane au milieu de tout ça : tranquille, bienveillante, qui pose des jalons sereinement, qui accueille toutes ces émotions qui nous submergent parfois, qui nous accompagne dans nos questionnements… On a longuement parlé, on a pleuré parfois, on a beaucoup ri aussi, on a pris le temps de réfléchir surtout… Certaines sont reparties gonflées à bloc, bien résolues à faire changer des choses dans leurs vies (maris, bambins et N+1, accrochez vos ceintures, il va y avoir du changement !!), d’autres impatientes et curieuses d’essayer les pistes proposées (même si Diane se défend de proposer des « recettes », elle a quand même une compilation d’outils pratiques et simples qui devraient être remboursés par la sécu et enseignés à tous les nouveaux parents!), certaines étaient peut-être un peu déstabilisées (c’est sûr que ça remue, ça oblige à se poser des questions ce genre d’atelier) mais toutes je crois sont reparties plus riches et plus fortes de cette journée !!
Bref, une belle et bonne journée!
Quelques ressources sur l'épuisement professionnel
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Mohamed 24/03/2014 13:28
Audrey 06/11/2013 12:55
Audrey 05/11/2013 13:12
Zen et Organisée ! 05/11/2013 13:24