Dans son Apologie des petites corvées, les plaisirs secrets du ménage (2012, JC Lattès), Anne de Chavron nous invite à apprécier les petites corvées du quotidien :
"Vous adorez faire votre ménage, mais vous ne le savez pas encore ! Astiquer. Briquer. Récurer. Voilà bien des corvées, nous direz-vous. Et pourtant, non ! Ces activités banales ont mille vertus. Anne de Chalvron, journaliste ennemie des idées reçues, vous le prouve avec ce livre à contre-courant, à la fois sérieux et drôle, fondé sur des centaines de témoignages d'hommes et de femmes.
Et nous d'opiner : si le féminisme est passé par là, les «corvées» de nos grands-mères sont bel et bien un moyen privilégié de garder le pouvoir et de vivre sa liberté."
Un brin provocateur (même si l'auteure s'en défend), ce livre a le mérite de nous amener à nous interroger sur le plaisir que nous pouvons trouver, chacun et chacune, dans l'exécution de certaines tâches du quotidien. Car il est vrai que nous pouvons tous apprécier (à petites doses toutefois) cette petite vaisselle durant laquelle nous ne penserons à rien ou ce rangement libérateur durant lequel nous anticiperons avec délectation le résultat à venir.
A condition que :
- nous ayons devant nous suffisamment de temps pour œuvrer à notre rythme.
- nous n'ayons pas d'enfants en bas âge nous appelant toutes les deux secondes ou nous obligeant à nous interrompre pour aller chercher le pot/réchauffer un biberon, arbitrer une dispute, etc…
La pratique du bouddhisme zen s'applique d'ailleurs à merveille au quotidien et fait de chaque tâche ménagère un exercice de méditation à part entière durant lequel il est possible de s'essayer à la Pleine conscience. Ainsi, Dominique Loreau, grande papesse du désencombrement devant l'éternel, qui vit depuis 30 ans au Japon, dans son livre Faire le ménage chez soi, faire le ménage en soi, s'interroge : "Et si le ménage était une thérapie ?"
Même si je comprends, j'"entends" et partage parfois le fond de ces ouvrages qui nous invitent à renouer "avec des valeurs aussi anciennes que traditionnelles", je ne peux pas m'empêcher de penser que même si nous le voulions, nous ne sommes pas japonaises, et qu'il est donc difficile d'importer dans notre culture des valeurs qui ne sont pas les nôtres.
Je crains enfin que ce type de positionnement, qui prend délibérément le contre-pied d'une tendance visant plutôt à "libérer" la femme de l'entretien du foyer, ne vienne saper les efforts de toutes celles et de tous ceux qui œuvrent au quotidien, non sans mal, en faveur d'une réelle égalité entre les hommes et les femmes, à commencer par une répartition des tâches plus équitable.