Vous êtes constamment fatiguée, vous n'arrivez plus à faire face et vous pensez être simplement débordée ? Avant d’aller plus loin, vous devez d'abord vous assurer que vous n’êtes pas en état de « burn-out » ? Etre débordée, c'est une chose. Etre épuisée et au bord de la rupture, c'est une autre histoire.
Si vous avez l'impression, après avoir lu quelques articles sur la question, d'être en plein burn-out, il est préférable dans un premier temps que vous alliez consulter votre médecin traitant ou un(e) psychologue. Il est en effet difficile de sortir du syndrôme d'épuisement maternel seule, sans l’aide d’une personne compétente. Il n’y a aucune honte à accepter de se faire aider quand on en ressent le besoin, bien au contraire.
Si vous sentez que vous n'en êtes pas à ce stade, tant mieux. Néanmoins, il est possible que vous n’en soyez pas loin et qu’il soit nécessaire de prendre les devants. Soyez vigilante : le burn-out s'installe dans votre vie de manière insidieuse, sans faire de bruit. Mieux vaut ne pas lui ouvrir la porte et le laisser à l'extérieur de votre vie…
Help Google : « maman 3 enfants, fatiguée, burn-out ! »
Je suis souvent effarée de constater, quand je consulte les statistiques de mon blog, le nombre de mots-clés saisis dans Google par les lecteurs (lectrices le plus souvent), se référant de près ou de loin au burn-out maternel : « maman fatiguée – burn-out maternel, solutions – Maman en burn-out, que faire ? – Maman, 3 enfants, fatigue – etc… ».
Voilà bientôt 3 ans que j’ai lancé mon blog et je ne m’y habitue pas car la détresse de ces mamans est palpable. Elles sont dans une recherche désespérée des solutions et on sent bien, à travers ces quelques mots lancés comme des bouteilles à la mer, combien elles se sentent seules face à leurs difficultés, ce qui ne fait qu’accroître l’impuissance que je ressens parfois face à ces mères démunies.
Pour pallier ce sentiment d'impuissance et de frustration, deux questions n'ont de cesse de me tarauder :
- Comment prévenir au mieux le burn-out maternel ?
- Et surtout, que faire concrètement quand le burn-out s'est installé ?
Mère épuisée : un témoignage qui brise un tabou
Vous avez probablement déjà entendu parler du burn-out maternel, encore méconnu en France jusqu’à il y a peu. La presse écrite et télévisuelle s’en est largement fait l’écho ces deux dernières années.
La parution en mars 2011 du livre-témoignage de Stéphanie Allenou, Mère épuisée (2011, Editions Liens qui Libèrent), y est pour beaucoup.
Stéphanie Allenou, maman de trois enfants rapprochés (dont deux jumeaux), nous raconte son expérience personnelle et nous confie, avec beaucoup de pudeur et d’honnêteté, « son » burn-out.
Le livre est un succès largement repris par les médias nationaux : en contribuant à mieux faire connaître le burn-out maternel, il brise un tabou et libère la parole de centaines de femmes aux quatre coins de la France. Chacune retrouve dans le récit de Stéphanie un bout de son histoire, reconnait ce qu’elle a elle-même vécu et peut enfin mettre des mots sur sa souffrance. Chacune se rend compte, surtout, qu’elle n’est pas seule (contrairement à ce qu’elle croyait), qu’elle n’est pas folle (contrairement à ce qu’elle croyait) et que de nombreuses autres femmes vivent exactement ce qu’elle vit.
Stéphanie Allenou raconte le moment précis, je dirais précieux, où elle a pu, après de longues recherches sur Internet, mettre des mots sur sa souffrance :
« Je commence à passer des heures sur Internet. Je tape sur des moteurs de recherche « jumeaux et maltraitance », « mère, dépression et jumeaux », « couple et jumeaux »… Un jour, je tombe sur des chiffres, de vraies études, des articles riches et détaillés. C’est un choc. Je pleure. Je pleure enfin. Je pleure, seule dans mon salon, devant mon ordinateur qui me dit que ce que je vis est reconnu par d’autres, des professionnels qui se sont penchés sur ces questions."
Une reconnaissance tardive
Je m'attarderai peu ici sur la définition du burn-out, sur ses causes et ses conséquences, préférant vous renvoyer à l'ouvrage de Violaine Guéritault qui fait loi en la matière : La fatigue émotionnelle et physique des mères.
Après avoir mené une thèse sur le burn-out aux Etats-Unis tout en donnant des cours de psychologie à l’université et en élevant ses deux enfants, Violaine Guéritaut compare l’expérience de nombreuses femmes, des deux côtés de l’Atlantique, à la sienne et se rend compte qu’il existe "une profession exigeante mais non reconnue, répétitive mais demandant un sens de l'improvisation, souvent épuisante mais pratiquemment sans vacances : celle de mère".
Ainsi, ses travaux de recherche l'ont amené à faire le parallèle entre le burn-out professionnel, « cet état d’épuisement observé d’abord chez les infirmières et les travailleurs sociaux, mais qui peut aussi toucher tout professionnel surmené dans un environnement de travail qu’il ne contrôle pas », et ce que peuvent vivre certaines mères au bout du rouleau, en particulier quand elles sont mères au foyer.
On y est. Voici enfin le premier livre qui « reconnait », en 2004 seulement, l’existence du burn-out maternel.
François Lelord, psychiatre, qui signe la préface du livre, est explicite : « Ce livre est le résultat de cette illumination : le burn-out menace aussi les mamans. Mais comment, dira-t-on, on ne va pas transformer aussi les mères en victimes ! Mettre au monde des enfants des enfants et les élever, n’est-ce pas le véritable épanouissement d’une femme, sa plus noble mission sur terre, et comment pourrait-elle se plaindre de passer tant de temps avec ses chers petits anges ? (…) Une maman se doit d’être parfaite. Et éprouver lassitude, épuisement, colère, indifférence, lui donne vite le sentiment d’être une mère indigne. C’est encore plus vrai pour celles qui ne travaillent pas, culpabilisées déjà par leur statut de mère au foyer, et supposées s’occuper de leurs chers petits dans une continuelle félicité. »
De quoi parle-t-on ?
Le burn-out désigne un état d’épuisement psychologique, émotionnel et physiologique. En anglais courant, to burn-out signifie : s'épuiser, s'user. C'est la fin de combustion, comme une bougie qui est en train de s'éteindre…
Bien qu’appartenant à la même famille, le burn-out se différencie du stress car il résulte de l’accumulation de stresseurs variés, caractérisés par une intensité modérée et un aspect chronique et répétitif : « Le burn-out est ainsi quelque peu comparable au montant total d’une longue addition », précise Violaine Guéritault.
Ses symptômes sont d'abord un état d'épuisement à la fois émotionnel et psychique. Un manque total d'énergie. Ensuite, une attitude négative ou détachée vis-à-vis de la source de stress (dépersonnalisation, distanciation). Enfin, une autocritique constante avec une sous-estimation de ses capacités ayant pour résultat une baisse de la "productivité", voire une activité réduite au minimum.
Que peut faire l’entourage ?
L'entourage joue un rôle-clé dans le mieux-être de la maman atteinte de burn-out. Comme le dit très justement Stéphanie Allenou dans son livre-témoignage, "c'est très bien de leur conseiller d'aller chercher de l'aide auprès des services compétents mais il faut en faire plus : leur mettre en main le numéro de téléphone d'un contact fiable".
Concrètement, comment l'aider ?
Tout d'abord en ne sous-estimant pas la détresse dans laquelle se trouve sa conjointe/sa fille/sa belle-fille/son amie : elle ne simule pas, elle n'exagère pas, elle souffre réellement et a besoin d'aide.
Mais encore ?
Son conjoint d'abord :
- en allégeant son "fardeau" et en lui apportant un vrai soutien dans les tâches du quotidien, qu'elles soient domestiques ou parentales, ou si celui-ci est absent ou trop accaparé par son travail, en compensant ce manque de soutien logistique par une aide extérieure.
- en se rendant suffisamment disponible sur un plan psychique pour lui accorder écoute, attention et compréhension, ce dont elle a profondément besoin.
- en reconnaissant le travail accompli par elle dans la journée si elle est mère au foyer ou dans le cadre de sa "double journée" si elle travaille à l'extérieur.
Sa famille (si elle habite à proximité) :
- en prenant les enfants en charge de temps en temps pour la soulager et lui permettre de se reposer et de recharger les batteries.
- en lui apportant également écoute, attention ET compréhension (et donc en évitant les remarques culpabilisantes du type : "Tu les as voulus, maintenant tu assumes !" ou encore "De mon temps, on y arrivait bien !").
Ses ami(e)s :
- en se proposant spontanément pour prendre les enfants, le temps d'une soirée en amoureux par exemple, ou d'une "journée-off" ("off" = sans enfants).
- en organisant des sorties sans enfants, entre adultes, par exemple un dîner/un ciné entre amis sans les enfants.
Alors, que faire en cas de burn-out ?
1- Oser demander de l'aide :
Ne restez pas seule et acceptez toutes les mains tendues. Mieux encore, allez chercher de l'aide là où vous pourrez en trouver. Auprès de vos proches, auprès de vos amis. Mettez votre fierté dans votre poche et osez dire que cela ne va pas, que vous n'y arrivez plus, que vous avez besoin d'aide.
N'hésitez pas à en parler à votre médecin traitant et à lui dire que vous êtes au bout du rouleau. Votre fatigue peut aussi être liée à des carences (fer, vitamine D ?) qu'une simple analyse de sang pourra déceler. Tâchez avec lui d'éliminer toutes les pistes. A défaut, il pourra également vous orienter vers un psychologue.
Vous pouvez également en parler à votre pédiatre, qui connait bien vos enfants et avec lequel, généralement, vous avez noué une relation de confiance, ou à votre sage-femme qui vous a accompagné durant votre grossesse si vous êtes jeune maman. Elle saura mieux que quiconque vous épauler et vous donner de précieux conseils.
Enfin, le centre de PMI (Protection Maternelle et Infantile) le plus proche de chez vous pourra également vous écouter, ou tout au moins vous orienter vers des structures compétentes.
2- Rompre l'isolement :
Les mamans qui souffrent de burn-out, en majorité des mères au foyer ou en congé parental, se sont peu à peu coupées du monde et se retrouvent souvent complètement isolées, "coincées" entre les quatre murs de leur maison, avec leurs enfants pour seuls interlocuteurs.
Si vous partagez ce sentiment d'isolement, le fait de pouvoir exprimer votre ressenti, d’échanger et de partager vos difficultés avec d'autres mamans vous permettra de constater que vous n'êtes pas seule et que d'autres mamans vivent ce que vous vivez.
Il existe partout en France des lieux d'accueil parents-enfants, des groupes de parole ainsi que des structures gérés par des psychologues et qui ont pour but d'accompagner les parents en difficulté.
Ces lieux, pour la plupart gratuits, sont ouverts aux enfants âgés de moins de six ans accompagnés de leur(s) parent(s) ou d'un adulte familier pour participer à des temps conviviaux de jeux et d'échanges. Des professionnels formés à l'écoute sont présents pour assurer l'accueil des familles. Ils constituent souvent une parenthèse durant laquelle le parent peut souffler un peu. Comme le dit si joliment le Conseil Général du Gard, côté parents, c'est un lieu où on peut "poser ses valises", parler du quotidien et échanger avec d'autres parents. Côté enfants, on peut y jouer et rencontrer d'autres enfants.
Globalement, n'hésitez à rechercher sur Internet ou via des réseaux de soutien à la parentalité (comme l'Ecole des Parents www.ecoledesparents.org) s'il existe d'autres ressources et du soutien près de chez vous.
Vous trouverez dans un prochain billet quelques ressources et adresses utiles à propos du burn-out maternel.
Créez votre propre réseau de mamans !
Pour sortir définitivement de l'isolement, consultez les forums de certains sites dédiés aux mamans, comme Magicmaman.com, Aufeminin.com, Doctissimo.fr ou Paroledemamans.com et tentez de lier connaissance avec des mamans habitant près de chez vous.
Rencontrez-vous, créez des "pauses-cafés" entre mamans, organisez des sorties avec ou sans enfants, échangez vos bons plans, faites du troc, organisez un vide-grenier, créez et animez ensemble une page ou un groupe Facebook, lancez-vous dans la rédaction d'un blog et développez votre propre communauté… Bref créez et animez votre propre réseau, partagez, échangez, sortez !
En prévention
Au quotidien et en prévention, je vous invite de mon côté à appliquer les pistes que je présente dans ce blog et qui résulte le plus souvent du bon sens (comme celle de prendre régulièrement du temps pour soi, d'être à l'écoute de ses propres besoins, ou encore de mettre en place une meilleure répartition des tâches au sein de votre organisation familiale), mais que nous avons souvent tendance à oublier et à mettre au second plan de nos priorités.
Le fait de vous placer au cœur de vos priorités ne fera pas de vous une personne égoïste et centrée sur elle-même mais au contraire, une personne équilibrée, bien dans ses baskets et de nouveau disponible.
Pour votre entourage bien sûr. Mais aussi et surtout pour vous.
Pour en savoir plus sur le burn-out maternel, deux livres :
- La fatigue émotionnelle et physique des mères, de Violaine Guéritault (2004, Odile Jacob)
- Mère épuisée de Stéphanie Allenou (2011, Editions LLL - Réédité en livre de poche, 2012, Marabout)