Depuis septembre 2012, j'ouvre le blog, de temps en temps, à des rédacteurs/rédactrices invité(e)s.
Aujourd'hui, j'accueille Elodie Cingal, psychologue spécialisée dans les séparations et les divorces et auteure de Ma Famille recomposée, paru aux Editions Tournez la page en janvier 2013 (lire son interview sur le blog).
Après vous avoir parlé de l'importance de consacrer du temps pour le couple, j'ai trouvé intéressant de vous parler, aussi, à travers le regard d'une spécialiste, de la séparation, car malheureusement, la séparation peut concerner chacun et chacune d'entre nous, à tous moments.
Alors, pour la vivre de la meilleure manière possible, voici quelques conseils bien avisés.
10 clés pour bien vivre sa séparation ou son divorce
"Une séparation plonge souvent dans un état de choc qui peut conduire à des conduites peu constructives pour soi et les autres. Il est possible de minimiser les effets néfastes de la séparation à travers plusieurs clés ; comportements à mettre en place, état à accepter, communication à instaurer….
1/ Cette clé est la plus importante : Faire face à la séparation. Il est facile de nier ce qu’il se passe, d’interpréter les comportements de l’ex. L’espoir d’une réconciliation pointe son nez sous différentes formes. Par exemple, mon ex m’aide à me réinstaller, c’est qu’il doit donc tenir à moi. Or, pas forcément, votre ex est peut être tout simplement un homme bien qui ne veut pas vous laisser dans un environnement peu avenant. Faire face à la séparation, c’est lutter contre ces pensées qui vous pousse à espérer. C’est ACCEPTER la séparation.
2/ Patienter !! On sait que l’on ira mieux, mais on ne sait pas quand. Il faut se dire que la douleur est un passage obligé fait de renoncement à ses vieux projets, de peur de l’avenir, de difficulté à s’habituer à sa nouvelle vie… PATIENCE, tout cela va chaque jour s’atténuer.
3/ S’entourer un maximum. En temps de séparation, un fort sentiment d’abandon s’impose. On perçoit chaque jour que l’autre vous oublie, fait sans vous et on imagine que cet autre n’en souffre pas. On se dit oublié, interchangeable. On se dévalorise. On a besoin de se rappeler à l’autre pour pouvoir s’aimer. Or, c’est justement ce qu’i ne faut pas faire. Il s’agit alors de transférer ce besoin auprès d’amis, de la famille, de bons collaborateurs…. Il faut s’entourer d’amour et de chaleur, … et si c’est difficile, juste de gens. Au pire, prendre un animal, cela adoucit le sentiment de solitude !
4/On devient intolérant à la frustration. On ne supporte plus qu’on nous annule, nous reporte. Cela réactive le sentiment d’abandon. On a presque besoin, comme les enfants, que tout le monde soit fiable. C’est tout à fait normal. Une bonne partie de sa vie s’écroule et le nouvellement séparé a un besoin désespéré de pouvoir s’accrocher aux autres. Malheureusement la vie est plus complexe et tout le monde ne peut pas répondre à nos attentes. Il s’agit donc de rationaliser et de se confronter à ce sentiment d’abandon et de comprendre que pendant un temps, on sera hyper sensible à tout. Il faut donc discuter avec son entourage et leur dire cette incapacité à tolérer les changements. Il faut également ne pas incriminer l’entourage. Celui-ci fait ce qu’il peut.
5/ Laisser sortir sa peine mais pas n’importe où !! Entre celle qui pleure toute la journée au travail et celui qui se repli totalement pour ne pas avoir à montrer sa vulnérabilité, il y a des nuances. Il faut pouvoir exprimer auprès de personnes de confiance et en sécurité sa peine, la laisser sortir. Il est important que la peine exprimée soit accueillie au bon moment par les bonnes personnes. SI elle sort de manière inappropriée, elle ne fait qu’aggraver le ressentiment de la séparation
6/ S’occuper ! Se noyer dans des activités. Cela n’empêchera pas de faire face à sa douleur. Mais cela permet surtout de ne pas se conforter dans la séparation et ses méandres. Cela force à avancer…
7/ Contrer la méfiance typique de la situation de séparation. Se séparer ne veut pas dire que l’ex nous veut du mal. Il se sépare de vous mais ne souhaite pas forcément vous nuire. Certes, dorénavant, il pense à lui au lieu de penser à NOUS (ou vous). Mais, ce n’est pas forcément contre vous. Il faut tenter de conserver avec lui ce qui faisait qu’au passé vous vous faisiez confiance. On peut se séparer dans la confiance et la bienveillance.
8/ Comprendre que la colère n’est qu’un moyen de gérer sa douleur. Durant la séparation, plusieurs sentiments sont en jeu, on peut même parler d’un débordement émotionnel. On a tendance à transformer cette douleur en colère car la colère se porte sur quelque chose, ici l’ex. La douleur n’a pas de visage et on a des difficultés à la gérer. En adressant la colère vers l’ex, on trouve le moyen d’évacuer la douleur. De plus, la colère permet de maintenir le lien avec l’ex. Dans la séparation, on a un sentiment de vide énorme et on ne sait plus comment se lier à l’ex. En se mettant en colère, on force l’autre à interagir réellement ou virtuellement avec soi. Il s’agit donc pendant le temps où la douleur est trop forte d’éviter d’interagir avec l’ex. On tente de le préserver de cette douleur/colère qui installe des conflits longs et destructeurs. On explique à son ex que la séparation est trop forte et que l’on a besoin de la laisser passer avant de reprendre contact physiquement (lorsqu’il y a des enfants) ou on ACCEPTE de disparaitre de la vie de l’autre.
9/ Par rapport aux enfants, communiquer par des outils simples comme le mail et le sms sans se voir forcément. On fait des écrits cordiaux sur lesquels on prend le temps de retirer les reproches, les incriminations, … tout ce qui a un caractère passionné. On se cantonne à du factuel. Quand on sera plus fort, on pourra à nouveau se parler et même rire ensemble.
10/ Donner des infos à l’ex sur les enfants quand ils sont avec soi. Quelque soit le mode de garde, le parent non gardien souffre de l’absence de son enfant (et même les papas, si si !!). Il est donc important de faire l’effort de donner des infos sur l’enfant au parent non gardien. On lui fait une photo, un mail, un sms (rien qui ne nargue l’autre)…. On fait appeler l’enfant en ayant bien mis en place un espace temps où l’enfant pourra et aura envie de parler au téléphone. On peut être en colère contre l’ex mais il est primordial de comprendre que l’on n’a pas le droit d’être en colère contre le parent.
Si la douleur est trop forte, si la durée est trop longue, si une méfiance s’installe…. Il s’agit de se faire aider par un psy spécialisé dans les séparations. En général, quelques séances suffisent s’il n’y a pas d’autres difficultés sous-jacentes.
Une séparation n’est pas un échec, c’est un nouveau départ avec de nouvelles opportunités."
Article invité rédigé par Elodie Cingal.